© Jacques Sierpinski

À la mémoire d’Annette et de son fiancé Jean Jausion.
JACQUES SIERPINSKI

"La Disparition relate en un récit photographique, l’histoire fulgurante et tragique d’Annette Zelman, cousine germaine de mon père.

Dans cette période trouble de l’occupation allemande et de l’antisémitisme d’État, Annette, jeune fille juive de 20 ans, pleine de vie, émancipée et artiste, décide de prendre des cours aux Beaux-Arts de Paris. Elle fréquente les artistes et intellectuels de son époque et retrouve au café de Flore, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Boris Vian, Yannick Bellon, les surréalistes et dadaïstes du mouvement des Réverbères…

Après une brève aventure avec Jean Rouch, Annette fait la connaissance d’un jeune poète dadaïste de 24 ans, appartenant au mouvement des Réverbères, Jean Jausion. Ils tombent follement amoureux. Le couple décide de se marier et dépose une demande à la mairie du 10e arrondissement de Paris en mai 1942. Les parents du jeune homme s’y opposent formellement et dénoncent Annette à la Gestapo.

Le 22 mai 1942, celle-ci est arrêtée par la police française sur ordre de Theodor Dannecker, chef de la Gestapo et de la question juive,
puis transférée au dépôt de la préfecture de police de Paris. Motif de cette arrestation selon Annette : sans domicile ni ressources.
Jean Jausion mis au courant, lui écrit dès lors quotidiennement et Annette lui répond en décrivant ses conditions de détention.
Le 11 juin, elle est transférée à la caserne des Tourelles, transformée en centre de détention, en particulier pour les femmes juives.
C’est de là qu’elle écrit à Jean une dernière lettre, terrible, dans laquelle elle dit ne plus croire à sa libération.
Le docteur Jausion, apprenant l’arrestation d’Annette, envoie un courrier à la Gestapo pour demander sa libération car il avait obtenu
de son fils Jean qu’il annule le mariage. Il fait également intervenir l’ambassadeur de France en Allemagne, sans succès.
À compter de ce jour, Annette ne donnera plus signe de vie.
Elle partira le 22 juin 1942 par le 1er convoi de femmes (3e convoi-1000 personnes dont 66 femmes) à destination d’Auschwitz.
La famille Zelman n’aura plus de nouvelle d’Annette jusqu’au 23 novembre 1961, date à laquelle elle reçoit de la part du ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, une attestation de disparition.
La même année, la famille apprend par le livre d’Henri Amouroux, La Vie des Français sous l’Occupation, que le docteur Hubert Jausion, ne voulant pas du mariage de son fils avec « la juive Zelman », avait demandé aux autorités allemandes de tout faire pour empêcher ce mariage.

Annette aurait survécu trois mois dans le camp de Auschwitz-Birkenau avant de disparaître, victime de la barbarie nationale-socialiste.
78 convois partirent de France emportant vers la mort 73853 hommes, femmes et enfants dont 2190 seulement auraient survécu.
Profitant d’un voyage professionnel à Cracovie il y a huit ans, j’ai fait la démarche de me rendre à Auschwitz.

C’est alors que j’ai décidé d’entreprendre ce travail photographique, de faire le parcours inverse et de revenir sur les traces d’Annette, de collecter les archives, les photographies familiales, de consigner les témoignages et souvenirs de ma cousine Michèle, petite sœur
d’Annette et dernière représentante de la famille Zelman ayant vécu ce drame et cette période maudite".
Jacques Sierpinski.

Après une exposition à la Mairie du 10ème arrondissement de Paris au printemps, un livre sort aux Editions de Juillet  le 28 juin 2024. Jacques Sierpinski sera présent aux Rencontres d'Arles.
Jacques Sierpinski évoque le roman de Patrick Modiano dans lequel il parle d'Annette Zelman, c'est le livre
DORA BRUDER chez FOLIO.
Il cite aussi Henri Amouroux qui a écrit " La vie des français sous l'occupation" Tomes 1 et 2 chez Fayard
Laurent Joly est un chercheur et un historien français. Directeur de recherche au CNRS, il est spécialiste de l’antisémitisme durant le régime de Vichy.
Jacques Sierpinski évoque "Des femmes dans le bureau de l'enfer".
de Raya Kagan. Traduit de l'hébreu par Fabienne Bergmann, édité et présenté par Serge Klarsfeld.