
Interviewer Denis Brihat est un très beau souvenir dans ma vie de journaliste photo à France Inter.
Rares étaient ses déplacements à Paris. En 2016, il exposait à la Galerie Calera Obscura, j'étais venue le rencontrer et nous avions parlé ensemble dans l'appartement au dessus de la galerie. Vous pouvez ré écouter l'émission REGARDEZ VOIR ici, écouter sa voix est un bel hommage, voir ses photographies un magnifique cadeau. C'est ce que vous pouvez faire en allant à la Galerie Caméra Obscura à Paris jusqu'au 31 mai 2025. Entrée libre.
Le 15 mars dernier, je suis allée retrouver Solange Brihat, l'épouse de Denis, et Didier Brousse, le directeur de la galerie pour qu'ils me disent leurs pensées à quelques heures du vernissage, le choix des photos exposées, et la pratique de ce photographe singulier.
Solange Brihat et Didier Brousse évoquent :
"La force de Denis Brihat"
"les virages à l'or"
"Le chemin très particulier de Denis Brihat"
"Les épreuves personnelles"
"le grignotage"
Les exercices qu'il proposait à ses stagiaires : "Vous partez tout seul, vous choisissez un sujet, plutôt un arbre, et vous me faites un portfolio. Certains cherchaient l'arbre pensant un mois !"
Jean-Pierre Sudre, Jean-Marc Bustamente, Jean Dieuzaide, les éditions le Bec en l'air, Michel Tournier (qui l'interviewe en 1966 pour la seule émission sur la photo à la télévision), et bien d'autres noms et récits sont recueillies pendant cette rencontre "sur le vif".
Extrait du dossier de presse :
Denis Brihat nous a quitté le 3 décembre 2024.
Avec lui, c’est un pan de l'histoire de la photographie française qui disparaît.
Brihat fut en effet un acteur majeur de cette histoire, par son œuvre d’abord. Mais aussi par son engagement pour la reconnaissance de la photographie comme art, et enfin par l’enseignementqu’il a dispensé au cours des ans dans sa maison de Bonnieux, formant une génération dephotographes.
Né à Paris en septembre 1928, il quitte la ville en 1952, désireux de se rapprocher de la nature.
Il s’installe d’abord à Biot, dans les Alpes Maritimes, avant de trouver son lieu idéal, son port d'attache, à Bonnieux, dans le Lubéron, où il construit une maison et son atelier, crée un jardin, fonde une famille.
Tout son tavail est axé vers la reconnaissance de la photographie comme l’un des beaux-arts : selon lui elle a toute sa place sur les murs des musées et des collectionneurs.
Cette façon de considérer la photographie est alors minoritaire en France : on est à l’âge d’or de la presse, du reportage.
Brihat, qui vient pourtant de recevoir le prix Niépce en 1957 pour un travail documentaire réalisé en Inde, abandonne ce champ de l’illustration pour se tourner avec conviction vers la photographie pure, très impressionné par le travail d’Edward Weston et le mouvement de la Straight Photography aux Etats-Unis.
Installant son atelier dans des conditions spartiates sur le plateau de Bonnieux, il est un photographe plasticien avant l’heure, travaillant intensément à inventer une esthétique du tirage photographique. Il aime à partager ses recherches et ses convictions au travers d'expériences collectives et participe activement aux premières Rencontres d'Arles en 1970 avant de créer chez lui une véritable école de photographie. Il reçoit des étudiants sur une période de neuf mois dans sa maison de Bonnieux, pour une vie d’atelier et de partage, enseignant l’esthétique autant que la technique, et notamment ses découvertes et expériences dans le domaine du tirage.
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Graine de folle avoine, 1981. Tirage argentique, virage sépia. 38 x 50 cm
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Coupe de kiwi, 1990. Tirage argentique, virage fer-vanadium. 40 x 48 cm
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Pelure d'oignon, 2006. Tirage argentique, virage à l’or. 58 x 48 cm