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Il y a des attitudes, des gestes, des positions que je reconnais dans cette exposition, un exemple avec ces personnes âgées chez qui j' arrive, ils dorment tous les deux dans leurs fauteuils, les déambulateurs tout proches, la tête abandonnée tombe sur le coté. Ils sont vivants. Une photo extraite de la série de Franck Landron qui a accompagné ses parents jusqu'à leur trépas.

Des morts que j'envie parce qu'ils reprennent vie dans l'objectif de Sophie Zénon, les momies de Palerme. Les couleurs et les flous m'attirent dans ce puits sans fond.

Un photographe ose regarder un corps qui brûle et faire œuvre de la crémation. Il s'appelle Goran Bertok, ses images sont issues de la série "Visitors" que je regarde avec l'intensité du feu fascinant.

J'admire la vision très poétique de Rudolph Schäefer, dans une morgue de berlin en 1986, des morts aux visages doux, tranquilles, ils semblent dormir. Le photographe les envisage en plan très serré, aucun indice ne l'environnement n'apparait.
A la poésie de Rudolph Schäefer, s'ajoute la tendresse en clair-obscur de Christine Delory-Monberger : le Baiser, 2023.

 J'ai visité cet après-midi comme si j'avais à choisir ma mort. C'est un peu cela. En la visitant, effrayée et curieuse, ravie de voir de si belles œuvres composer le parcours, je me protège comme je peux de la seule question qui se pose dans ce lieu : Et ma mort ?
Michael Houlette, le directeur de la Maison Robert Doisneau à Gentilly, et Camille Lebossé ont apaisé le propos avec ce "nos" 
dans le le titre, un "Et nos morts" qui réchauffe le cœur et apaise nos yeux devant la mort en face, dans le point de vue des photographes.

Cette exposition est courageuse et particulièrement réussie.

Notre existence est fugace, l'actualité élimine les corps dans des décomptes médiatiques insouciants. Rien n'est palpable.

Quand la mort nous atteint dans notre intimité, on ne sait jamais comment faire face à l'image du corps privé de vie. 
Je garderai en tête quelques photographies de cette exposition pour aller chercher dans ces œuvres récentes la possibilité de vivre mieux.

"Et nos morts ? La photographie post Mortem aujourd'hui en Europe"
 jusqu'au 18 février 2024
Entrée libre.

Exposition collective rassemblant 20 auteurs et autrices et une publication éditée par la Maison Doisneau.

Laure Albin Guillot, Philippe Bazin, Goran Bertok, Patrik Budenz, Christine Delory-Momberger, Eric Dexheimer, Robert Doisneau, Odhràn Dunne, Laurence Geai, Steeve Iuncker, Irène Jonas, Beate Lakotta et Walter Schels, Franck Landron, Jacques Henri Lartigue, Frédéric Pauwels, Bruno Réquillart, Rudolf Schäfer, Raymond Voinquel et Sophie Zénon.